précédent

Rappel des mesures sanitaires et permission de louer des salles pour les productions audiovisuelles

prochain

Rabais et avantages - L’inis

mot de l'arrq | 27 NOV 2020

Mot de Gabriel Pelletier, président


L’ARRQ, LE PROJET DE LOI C-10 SUR LA RADIODIFFUSION ET TÉLÉFILM CANADA

Ça y est, le projet de loi C-10 modifiant la Loi sur la radiodiffusion a été déposé au parlement et le processus législatif est enclenché. Cette loi que nous réclamions depuis des années et qu’on nous avait promise afin de mettre à contribution les grandes plateformes numériques, notamment étrangères, est enfin arrivée. Après tant d’attente, le milieu culturel a accueilli la nouvelle avec joie. Était-il fini le temps des belles paroles, des consultations et des rapports? On passe enfin à l’action.

Mais en y regardant de plus près, on a réussi à y trouver quelques poux à ce projet de loi.  Le ministre du Patrimoine canadien Steven Guilbeault a d’ailleurs lui-même admis qu’il n’avait pas visé la perfection mais qu’il voulait surtout aller de l’avant et faire un premier grand pas. D’autres étapes devraient suivre.

Des critiques se sont élevées du côté des partis d’opposition. Le NPD estime qu’on ne va pas assez loin tandis que le Bloc Québécois et le Parti Conservateur réclament qu’on inscrive des quotas de contenu francophone dans la loi. L’assemblée nationale du Québec, d’un même élan, a voté une motion unanime réclamant la même chose. L’intention est fort louable. La place du contenu francophone dans nos médias est aussi la priorité de l’ARRQ puisque nous représentons des RÉALS travaillant principalement en français.

Mais ce n’est pas la voie qu’a choisi d’emprunter Patrimoine canadien en élaborant son projet. Plutôt que d’inscrire dans la loi les conditions à imposer aux entreprises de radiodiffusion, dont feront désormais partie les plateformes numériques canadiennes et étrangères, on a simplement accordé au CRTC les pouvoirs nécessaires pour les leur imposer. Les associations d’artistes dont nous sommes l’ont bien compris et nous avons  donc appuyé l’essentiel de cette loi en continuant d’accorder notre confiance au CRTC pour réguler notre système de radiodiffusion. Ce sera au CRTC d’imposer des quotas, en même temps que toutes les autres obligations de programmation et de contribution au contenu canadien que devront respecter les diffuseurs.

Par contre, nous tenons tout de même à nous assurer que le CRTC ait des obligations en ce sens, que son processus décisionnel soit transparent et public et qu’on puisse faire appel de ses décisions au gouvernement.

Les associations d’artistes et de producteurs se sont donc concertées au sein des grandes coalitions culturelles que sont la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (CDEC) et la Coalition culture et médias (CCM) afin de réclamer certains amendements au projet de loi. Outre les objectifs cités plus haut, nous en avons ajouté quelques-uns d’égale importance comme :

Le projet de loi C-10 est maintenant passé en deuxième lecture au parlement et sera bientôt envoyé pour étude au Comité permanent du Patrimoine canadien où siègent des parlementaires de tous les partis. C’est là qu’on débattra des modifications possibles au projet de loi et qu’on entendra des témoins. L’ARRQ a demandé à y témoigner et nous comptons faire appel aux politiciens de toutes allégeances pour qu’ils se rallient autour d’un projet de loi qui puisse assurer l’épanouissement de la culture canadienne, plus particulièrement la culture francophone. C’est un moment historique et nous sommes confiants que tous, toutes allégeances confondues, voient l’importance de se doter des moyens d’assurer notre souveraineté culturelle. On débattra sans doute plutôt de la manière d’y parvenir. Il est plus que temps que la Loi sur la radiodiffusion fasse son entrée au 21e siècle.

Téléfilm Canada

Sur un tout autre front, l’ARRQ a été consultée par Téléfilm Canada sur la révision de ses programmes de financement du long métrage en même temps que l’ensemble des intervenants de cette industrie. Trois réunions virtuelles en groupe ont été organisées autour des trois programmes qu’on remettait en question, soit : le programme Talents en vue, le programme de développement et l’indice de réussite comme critère de financement en production. Une autre rencontre virtuelle en « tête-à-tête » entre l’ARRQ et Téléfilm a eu lieu ultérieurement où nous avons pu exposer nos positions en long et en large. Pour ce faire, nous avions précédemment consulté les membres intéressés à participer lors d’une discussion à bâtons rompus sur Zoom et nous avons relayé leurs préoccupations aux gens de Téléfilm.

En gros, nous avons lancé un cri du cœur pour que la création revienne au cœur des décisions de financement de Téléfilm. Il faut mettre fin au « clientélisme » de cette institution dont les décisions sont basées presque exclusivement sur la performance des compagnies de production, clients naturels de Téléfilm Canada par leurs relations d’affaires. Nous avons revendiqué la prise en compte du talent, de l’expérience, des carrières et de la vision créative des réalisateurs dans les décisions de financement en production mais aussi au moment du développement où l’on doit encourager la collaboration entre réalisateurs, scénaristes et producteurs le plus tôt possible dans le processus de création d’un film pour en assurer une vision cohérente et harmonieuse. Replacer la création au centre des décisions, remet donc en question le financement automatique dont bénéficient une poignée de compagnies de production récoltant les plus hauts indices de réussite en se basant sur les succès de box-office et de festivals. Certes, il faut récompenser ces succès mais nous considérons que ce ne devrait pas être le seul critère (par ailleurs désuet en cette ère de plateformes numériques), la qualité des créateurs et de leur création sont des critères centraux associés au succès d’un film. Quant au programme Talents en vue, anciennement nommé « Micro-budget », nous avons questionné son existence si Téléfilm ne parvenait pas à atteindre des budgets qui soient suffisants pour que les artistes et artisans puissent se payer des cachets respectant les cachets minimaux des ententes collectives.

Nos collègues anglophones de la DGC partagent exactement les mêmes préoccupations et la consultation qu’ils ont menée auprès de leurs membres a donné lieu à un « Manifeste des réalisateurs » soumis à Téléfilm que nous avons appuyé.

Ceci étant dit, nous avons abondamment remercié Téléfilm Canada d’avoir pris la peine de consulter l’ensemble des intervenants de l’industrie cinématographique plutôt que de se limiter à leurs seuls « clients ». C’est une initiative que nous applaudissons et que nous espérons voir se reproduire à l’avenir.

 

Gabriel Pelletier, président

retour aux actualités

autres mot de l'arrq