précédent

Communiqué - Lois sur le statut de l'artiste

prochain

Avis de consultation de radiodiffusion CRTC 2020-336 - Phase 2

mot de l'arrq | 17 JUN 2020

L’espoir revient


Les activités reprennent peu à peu autour de nous et dans notre domaine mais elles n’auront finalement jamais cessé à l’ARRQ, ou devrais-je plutôt dire à l’ARRQ virtuelle. Même si, pour beaucoup, cette pandémie a représenté un congé forcé, à l’association nous avons été plus occupés que jamais. Juste avant que le confinement commence, votre directrice et moi avons eu la chance de faire une tournée parlementaire à Ottawa et de serrer la main (la pandémie n’avait pas encore été officiellement déclarée!) à des politiciens et des fonctionnaires liés aux dossiers de la culture. Nous y avons défendu les intérêts des réalisateurs dans les révisions des lois sur le droit d’auteur et celle de la radiodiffusion ainsi que d’autres dossiers qui nous préoccupent. Mais ce fut surtout une chance d’avoir pu établir le contact de façon personnelle car littéralement quelques jours plus tard, le parlement fermait ses portes et nous pouvions poursuivre le dialogue de façon virtuelle pendant tout le temps de la pandémie. Nous avons ainsi pu intervenir auprès du ministère du Patrimoine canadien afin que les travailleurs pigistes constitués en compagnie puissent être éligibles à la prestation canadienne d’urgence quand ils se payaient en dividendes. Cette demande a été entendue et nombre d’entre vous ont ainsi pu se prévaloir de la PCU.

Nous les avons aussi saisis de l’importance d’ouvrir le « programme de premières étapes de développement » du FMC aux réalisateurs. Ce programme d’aide directe n’est présentement ouvert qu’aux scénaristes sans producteur ou aux producteurs sans diffuseur. Au FMC, malgré nos représentations répétées en compagnie de la DGC, on nous a jusqu’ici refusé de l’ouvrir aux réalisateurs sous prétexte qu’il manquait de fonds. Mais depuis, Patrimoine canadien leur a octroyé 88.5 millions de dollars pour venir en aide au secteur de la télévision et ce, dans le but de préserver les emplois et d’essuyer les pertes des compagnies de production. Malheureusement, ces sommes doivent passer par des programmes existants et sont octroyées automatiquement aux compagnies de production déjà subventionnées qui verront une bonification de 20 à 25%. Rien ne garantit qu’elles serviront à préserver les emplois des travailleurs pigistes, particulièrement les réalisateurs qu’on engage typiquement à l’étape de la production d’une émission alors que toute la production télévisuelle est arrêtée depuis des semaines et qu’ils sont en grand besoin de travailler. Un programme de pré-développement qui permettrait aux réalisateurs d’élaborer de nouveaux projets en attendant la reprise arriverait à un moment opportun. Le programme de premières étapes de développement du FMC est le seul programme qui s’adresse directement à des créateurs mais on n’y semble pas considérer que les réalisateurs puissent contribuer au développement de projets. Nous allons revenir à la charge au FMC et nous espérons enfin leur faire voir la lumière.

Nous nous sommes aussi tournés du côté de Québec en nous adressant au ministère de la Culture et des communications afin que soit créé un programme d’aide directe aux créateurs à la SODEC. Mais il semble que la loi constitutive de la SODEC lui interdit de subventionner des individus. Là encore les entreprises ont reçu une bonification de leurs subventions à hauteur de 25%. On ne les a pas oubliés de ce côté non plus.

Cette crise nous rappelle qu’en cinéma comme en télévision, l’aide du gouvernement s’adresse uniquement à l’entreprise privée et que les artistes en sont tributaires pour gagner leur pain. Nous sommes évidemment contents que le MCC s’assure de la pérennité des entreprises de production avec une injection d’argent frais mais les plus vulnérables, ce sont les créateurs à la base de ce système de production audiovisuelle. Ce serait bien qu’on s’assure de leur survie aussi.

En fait, pratiquement tous les efforts de l’ARRQ ces deux derniers mois l’ont été en vue de venir en aide aux réals frappés par cette crise; des demandes nombreuses d’aide financière auxquelles nous avons dû répondre par le biais du Fonds de secours de l’ARRQ et du Fonds Netflix jusqu’à notre intervention de la semaine dernière auprès du ministère du Patrimoine canadien pour prolonger la prestation canadienne d’urgence.

Avec l’annonce d’une prolongation probable de la PCU, le Canada gagne haut la main quand il est question d’aider les artistes.  Comme ce fut le cas lors des « consultations » du MCC sur la reprise des tournages, Québec a surtout été à l’écoute des besoins des entreprises avant ceux des créateurs. La mise en place des mesures sanitaires en audiovisuel sera largement à la discrétion de chaque employeur.

Outre les subventions additionnelles qu’elles viennent de recevoir du fédéral et du provincial, les entreprises de production attendent une autre aide avant de relancer les tournages à plein régime, particulièrement dans le cas des dramatiques. La semaine dernière le Regroupement des producteurs indépendants de cinéma du Québec adressait une lettre ouverte à la ministre de la Culture Nathalie Roy afin qu’elle crée un fonds d’assurance de 50 millions de dollars pour assurer le risque du nouveau coronavirus. En effet, les assureurs privés ne veulent plus assumer le risque d’une infection virale sur les plateaux. Dans le même temps, la CMPA (Canadian media producers association) acheminait une demande semblable au ministère du Patrimoine canadien en sollicitant l’appui des intervenants de l’industrie audiovisuelle dont nous sommes. L’ARRQ appuie cette aide aux entreprises, qu’elle vienne du provincial ou du fédéral, car elle est essentielle à une véritable reprise des tournages. Mais du même souffle, nous demandons qu’une assurance gouvernementale couvre prioritairement les salaires des artistes et artisans dans le cas d’une interruption de production. Encore une fois, il faut aussi penser à protéger les travailleurs pigistes.

La bonne nouvelle c’est que les tournages vont progressivement recommencer. On ne sait trop encore dans quelles conditions ni avec quels risques mais pour beaucoup d’entre nous, il sera plus que temps.

Gabriel Pelletier, président

retour aux actualités

autres mot de l'arrq